lundi 6 février 2012

Quelques notes d'après mes souvenirs du 31 janvier...
Et d'abord cette image de l'éponge - hommage à Nadia pour l'avoir introduite lors de l'atelier précédent! - qui a été quelque part le leitmotiv de nos explorations.
Et, en effet, il s'agit de bien plus qu'une image: c'est une texture, une tonalité tissulaire, une qualité qui imprègne aussi bien les corps que l'espace.


Nous avons commencé d'abord par ce fameux "puzzle" de Steve Paxton: assis sur les ischions, les bras entourant une sphère imaginaire devant soi, les hanches souples, on verse le poids au sol, le long du côté externe du bras, jusqu'à l'omoplate et on continue à rouler son poids pour prolonger cette courbe de l'autre côté (omoplate...côté externe du bras) et se relever dans la position de départ.
Ce mouvement s'inscrit déjà dans une sphère, dont on arpente les parois en suivant cette trajectoire de la "lame" du bras (dans mes souvenirs c'est comme ça que Steve l'appelait: cette ligne qui court du petit doigt, la main "ulnaire" ou du "cubitus", et qui rejoint l'angle inférieur de l'omoplate > cf. la relation mains/épaules qu'on travaille en BMC).

Ensuite, on travaille par deux, et cette fois c'est le partenaire qui offre l'espace concave, les parois arrondies qu'on explore, le long desquelles on s'enroule ou on se glisse.
Une danse de sphères (où je me suis parfois demandée quoi faire de mes jambes sur le chemin!...), où l'on est tour à tour contenant et contenu, concave et convexe. Le contenant donne aussi parfois du poids, les sphères se multiplient, comme des bulles d'espace qui continuent à pousser ici et là.

L'idée était d'explorer ce contact avec une qualité d'éponge: de plus en plus aller vers un modelage tissulaire et spatial.

Cette tactilité demande du temps, ou mieux cette temporalité est le résultat d'un phrasé asymétrique de condensation et d'expansion, flottant, et pourtant doué d'une tonicité singulière, une respiration qui dérive dans les tissus: j'ai pensé à quelque chose comme un espace transitionnel qui se crée "entre" les corps, et qui les affecte. Espace gravitationnel incommensurable, produit par le temps de cette approximation et éloignement que la scansion du souffle répartit.
Lorsque on a procédé aux explorations plus "spatiales", ouvrant les trajectoires de circonvolutions dans la salle, il fallait garder cette qualité-là: une danse des sphères, cette fois-ci presque orbitale, de planètes en gravitation - avec des convergences et des divergences. Là aussi, converger et diverger, condenser et dilater, sont des "modes" de modelage de l'espace qui affectent la temporalité des corps.
Rémi a employé une image merveilleuse: en parlant de l'atterrissage du deltaplane, il a évoqué le mot (technique) de "ressource". Je pense qu'il y a là l'image de cette "vitesse absolue" qui n'est pas une lenteur, mais bien une porosité du temps: une accélération, toujours, c'est-à-dire un changement de vitesse, soit que la flèche du temps s'infléchisse en arrière ou en avant, c'est une expansion...un "gonflement", ce momentum qui permet au mouvement de poursuivre après la rencontre (ou collision!).
Il faut un exercice d'écoute incroyable pour ces éponges...
A demain à vous tous,
Carla



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